Jean Le MOAL

De sa Bretagne d’origine à son refuge d’Alba-La Romaine en Ardèche, Jean Le Moal ( 1909-2007 ) se nourrit de la nature et de la lumière.

Dans les années 1948/1950, il se libère de la figuration et affirme: toute peinture est quelque chose d’abstrait, je ne suis plus descriptif, c’est tout.

Figure incontournable de la représentation non-figurative, il souhaite dans chaque œuvre faire voir l’invisible.Comme Bazaine l’affirmait pour lui même: Ne plus peindre la forme mais les forces.

A la question d’un collectionneur: Etes vous abstrait?, Le Moal répond: Je ne me suis jamais posé la question, je fais de la peinture, c’est tout.

La peinture de Jean Le Moal est une peinture de frémissement où couleurs et lumières s’unissent pour créer un monde inventé, pour transcrire les forces qui habitent un paysage. Préoccupé par les recherches chromatiques, Le Moal chante le vent, la mer, les jardins, les couleurs, la nature toujours et encore, bien loin de la sécheresse géométrique. Fidèle à la Bretagne par son enfance brestoise et son enracinement à Larmor Baden, la péninsule nourrit son observation.

Il y a, dit Le Moal, deux façons de dessiner: ou bien on cerne une forme, ou bien on dessine à l’intérieur de la forme… De plus en plus j’éprouve le besoin de dessiner par la touche et par l’intérieur de la forme, c’est pour moi la manière la plus intense d’exprimer la substance de la peinture.

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Vers l’âge de 55 ans notre artiste, en pleine maturité et en pleine possession de son art, réalise des petites huiles sur toile, marouflées sur bois, de 1963 aux années 2000. Avec leurs cadrages resserrés, elles renvoient aussi à la photographie, un autre talent de Jean Le Moal. Ces petits formats sont de véritables synthèses des sensations ressenties et mémorisées par le peintre. Lui même et la critique parleront d’objets précieux. Il réalise les encadrements très simples et toujours identiques de ces toiles et il les peint d’un jus de peinture en accord avec la gamme chromatique de l’oeuvre.

Ces nouveaux formats montrent combien sa vitalité ne subit pas l’altération du temps, combien sa production apparaît comme inversement proportionnée à la force vitale du corps qui, inexorablement, s’échappe.

Dans notre petit format, inspiré par la Bretagne et exécuté en 1978, les touches colorées interagissent entre elles pour former un tout mouvant qui entraîne notre regard. Plus question de forme….ce sont les forces que génère la Bretagne que Le Moal exprime.

Cette huile aux profondeurs insondables, mais également preuve indéniable du renouvellement inépuisable de Le Moal par son format et sa «mise en page»( marouflage+ encadrement de l’artiste) est présentée dans notre galerie.

Bibliographie: Modernités Bretonnes après 1950 Denise Delouche – Perros-Guirec- Maison des Traouïero, 2023.

Jean Le Moal sous la direction de Philippe Bouchet – Musée des Beaux-arts Quimper, 2017.